Ville à vélo printemps/été 2016 | Page 50

TECHNOLOGIE / STÉPHANE DESJARDINS

IL Y A DE L ’ ÉLECTRICITÉ

DANS L ’ AIR

Avant le premier coup de pédale , j ’ étais dubitatif . Après le premier kilomètre , j ’ étais convaincu . Mais le vélo électrique , ce n ’ est pas pour tout le monde .
EVOX

Certains se posent la question : « Estce un vélo ?» Réponse : oui . Car il faut pédaler , contrairement aux scooters auxquelles on ajoute des pédales afin de contourner la loi . Cependant , même si le mot « vélo » est totalement justifié , il faudrait plutôt parler d ’ un nouveau mode de transport , d ’ un volet supplémentaire au cocktail qui façonne les déplacements de toujours plus d ’ urbains tentant d ’ évacuer le tout-à-l ’ auto-privée .

Aux fins de ce test , on m ’ a prêté le eVox City , du Québécois Procycle . Soyons francs , c ’ est un tank . Vous avez peur de le cadenasser au poteau devant chez vous et vous voulez le monter au troisième par l ’ escalier ? Oubliez ça ! Sinon , vous allez rapidement payer le eVox de votre chiro !
J ’ ai cueilli le mien chez Vélo Branché , en plein Plateau-Mont- Royal . Le copropriétaire , Jean Pruneau , m ’ a aussi présenté une douzaine de modèles de vélos électriques , certains étant de vrais triomphes du design . Mais , déposant la main sur la selle du
eVox avec autorité , il m ’ a affirmé , péremptoire , que j ’ allais vivre une expérience hors du commun . Je vous l ’ ai dit , j ’ étais dubitatif . Ça n ’ a pas duré . Dès que j ’ ai tourné le coin de la rue Gilford , il a fallu que je me dépatouille avec les commandes . Rien de compliqué , il y en a deux : l ’ assistance dynamique ou le tout-électrique . Vous avez donc le choix entre : a ) pédaler avec votre jus de mollet ( mais comme le vélo est lourd – ce n ’ est pas un Argon 18 , mettons –, ben ...) ; b ) pédaler en ajustant l ’ assistance électrique en fonction de l ’ effort ; c ) vous propulser avec toute l ’ énergie que la batterie pourra fournir au moteur ( le « menu mobylette »).
Look Bixi Le vélo présente un écran DEL affichant le mode choisi , la charge de la pile , un odomètre et une clé RFID ( clef électronique ). Son design , très épuré , proche de celui du BIXI ( signé Michel Dallaire , qui a aussi conçu le eVox ), lui donne fière allure malgré son aspect massif .
Mais oublions le look : ce machin tiendra-t-il la route ? La batterie est au milieu , ce qui équilibre le poids et ramène le centre de gravité entre les deux roues , pour plus de contrôle . Côté confort , on se sent comme sur un vélo hollandais : selle immense , position assez verticale , guidon à l ’ avenant , suspension plutôt pépère mais freins à disque . Fait à noter : freiner coupe le moteur . J ’ avais lu ça distraitement dans la petite brochure . Une fois sur l ’ engin , j ’ ai compris .
À basse vitesse , le mode « assistance » est plus ou moins perceptible , surtout sur le plat . Mais dans les côtes ou dès que vous sentez un peu de vent dans les yeux , ça compte ! Le système est passablement intuitif , donc très agréable . Mais il faut pédaler , c ’ est indéniable . Les paresseux , passez
votre tour , car sous les 15 km / h , on ne sent pas l ’ énergie du moteur .
C ’ est avec le tout-électrique que j ’ ai apprécié la différence . Surtout à vitesse moyenne . D ’ autant plus qu ’ on peut aussi régler la puissance . Niveau maxi , on se prend pour Lance Armstrong , et sans les petits suppléments vitaminiques ... Les départs canon propulsés par le moteur de 500 watts sont véritablement jouissifs : c ’ est Fusée XL-5 . Ça explose . Outre l ’ aspect gadget , cet ajout de puissance est merveilleux quand votre trajet comprend une multitude d ’ arrêts et de feux rouges . Spécialement en ville . Les cyclistes aux mollets agiles diront que ça fait partie de l ’ expérience cycliste que de
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