Ville à vélo printemps/été 2016 | Page 26

TENDANCES / STÉPHANE DESJARDINS POLICE À VÉLO AGENT DE LA PAIX Ça fait presque 20 ans que le SPVM a des flics à vélo. Ils sont plus rapides, plus proches des gens, plus sympas. Mais flics quand même. SPVM I l est trois heures du matin. Ça chauffe sur la Main. Un groupe s’est formé devant un bar à la mode. Ça s’engueule. On a peut-être vu un couteau. En quelques minutes, des sifflets se font entendre. Fort. Quatre policiers débarquent en trombe… de leur vélo. Plusieurs badauds sont éméchés. La tension persiste. Comme personne ne bouge, les policiers prennent leur vélo par le cadre et s’en servent pour repous­ ser les belligérants. La foule se disperse dans le calme. Quelques jurons sont encore échangés, baroud d’honneur de fêtards impétueux. Les derniers hoodies 26 VILLE À VÉLO 26-29_VAV_flic.indd 26 WeSC et escarpins vertigineux sont déjà repartis vers d’autres cieux. Un des agents signale dans sa radio que l’incident est clos. « Il aurait fallu jusqu’à 12 policiers arrivés à pied ou en voiture pour disperser un attroupement comme celui-là. Et les fêtards n’auraient pas digéré les bâtons télescopiques. Mais les vélos, ça passe sans pro­ blème », explique le sergent JeanPierre Latulippe, 22 ans de service, rattaché au poste 38 du Plateau­Mont-Royal, un des plus importants – et des plus occupés – du SPVM, avec ses 150 policiers. « Les gens associent le policier à vélo à une personne sportive. Ils voient qui nous sommes à cause HORS SÉRIE VÉLO MAG de l’uniforme. Mais s’ils sont intoxiqués, ils se sentent insultés par les bâtons télescopiques. Quand je les repousse avec mon vélo, ils se tassent sans rouspéter. » Loin d’être encombrant, le vélo permet à un agent de « contrôler » quatre personnes ou plus, alors qu’avec des bâtons télescopiques, c’est pratiquement du un pour un. « Et les gens se sentent moins agressés ». Loin d’être encombrant, le vélo permet à un agent de « contrôler » quatre personnes ou plus, alors qu’avec des bâtons télescopiques, c’est pratiquement du un pour un. « Et les gens se sentent moins agressés », ajoute-t-il. On l’aura compris, le vélo est désormais intégré aux opérations courantes de la police de Montréal. Et Montréal, c’est une grande ville. La circulation dense, la faune urbaine toutes couleurs unies, les personnages, les itinérants, les polytoxicomanes, le nightlife, les gangs, les parcs, les festivals, les foires, la foule, les quartiers les plus densément peuplés au pays, les commerces, les chantiers, l’heure de pointe… PRINTEMPS/ÉTÉ 2016 01/04/16 11:39