ToutMa ToutMa n°41 - COLLECTOR | Page 10

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HORLOGER - JOAILLIER
ENTRETIEN _ Céline BOUCHARD

Edouard FROJO les joies de la transmission

Avec son flair aventureux et sa décontraction affichée , Edouard Frojo - aux commandes de l ’ entreprise familiale depuis quelques années déjà - a donné une impulsion forte à sa maison . Aujourd ’ hui , avec quatre boutiques en nom propre , l ’ enseigne est devenue une référence dans le microcosme de l ’ horlogerie-joaillerie . Sous l ’ apparente juvénilité de ce quadragénaire au charme évident , il y a un dynamisme puissant , une volonté créative ( Charlet ) et associative ( Rolex , Mauboussin , APM Monaco ) hors du commun .
ToutMa : Comment définirais-tu ton enfance ? As-tu une belle anecdote à nous confier ? Quel est ton parcours d ’ étudiant ?
Edouard Frojo : Petit , je n ’ étais pas très scolaire . Ma mère aimait bien utiliser le mot cancre pour définir mon niveau ( rires ) ! Toutefois , je n ’ étais pas mauvais en dessin et en musique . Plus tard j ’ ai pris conscience de mes aptitudes et j ’ ai demandé à mes parents de m ’ enlever de l ’ école privée où j ’ étais inscrit pour préparer mon bac en candidat libre . À la surprise de ma famille , je l ’ ai eu et j ’ ai ensuite intégré une école de commerce puis poursuivi des études de diamantaire aux USA . Divers stages en Suisse , à Hong Kong m ’ ont ensuite ouvert la porte de la profession .
TM : Quand as-tu senti que tu avais la fibre du joailler ?
EF : J ’ ai toujours été attiré par ce métier tout en cherchant la reconnaissance de mon père et mon grand-père . Je ne me suis jamais posé la question de savoir si je devais faire autre chose , je sentais au fond de moi que c ’ était écrit dans un livre que mes arrière-grands-parents avaient commencé et que je devais continuer à écrire pour perpétuer l ’ histoire familiale . Aujourd ’ hui je me dis que j ’ ai de la chance d ’ avoir un métier qui me permet de m ’ épanouir même si la conjoncture est instable .
Septembre / Octobre 2016 _ TM n ° 41 Collector 10 ans !
TM : Fais-tu en sorte que La Maison Frojo reste une affaire de famille ?
EF : J ’ essaye de transmettre doucement cette passion à mes deux filles . Elles sont
Valérie & Edouard Frojo encore jeunes mais je les sens curieuses comme je l ’ étais à leur âge . Bien plus organisées comme le sont souvent les femmes , j ’ ai beaucoup d ’ espoir qu ’ elles puissent à leur tour écrire encore une nouvelle et belle histoire . J ’ ai aussi la grande chance d ’ être bien entouré dans l ’ entreprise , avec de fortes personnalités qui me challengent en permanence . C ’ est une force et grâce à eux , nous arrivons à nous remettre en question , à améliorer nos actions et souder nos partenariats commerciaux . Nous vivons l ’ entreprise comme une famille !
Chaque salarié a une place unique et vit l ’ entreprise comme si c ’ était la sienne . À cela se mélange la famille … mon épouse Valérie participe beaucoup aux collections et mon père Richard reste le garant de l ’ histoire qui s ’ est écrite au fil du temps .
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TM : Que signifie réellement l ’ aventure créative Charlet ?
EF : Le temps passe vite et en 20 ans , j ’ ai vu notre métier se transformer sans cesse , les groupes devenir de plus en plus puissants , les marques plus fortes et la distribution s ’ organiser et se professionnaliser pour répondre au marché . J ’ ai toujours eu le sentiment que l ’ avenir du luxe résidait dans le savoir-faire et dans la créativité . Certains groupes ont vendu leur âme en standardisant leurs produits pour répondre trop rapidement à la demande sans réfléchir à la pérennité du marché . La finance est aujourd ’ hui le moteur de la créativité alors que je reste persuadé que ce devrait être l ’ inverse . J ’ ai ainsi décidé de revenir aux fondamentaux en créant la marque Charlet du nom de la bijouterie fondée en 1854 dans laquelle mon arrière-arrière-grand-père Eugenio Frojo était embauché comme horloger . C ’ est son fils Edouard qui a racheté l ’ affaire pour l ’ appeler Frojo en 1900 .
TM : Comment vois-tu le futur de La Maison Frojo ?
EF : J ’ ai l ’ envie de laisser à mes filles la liberté de créer et de raconter cette histoire comme nous racontons aussi celle des grandes maisons . Avec l ’ évolution technologique , elles auront , grâce aux nouveaux outils digitaux , les moyens de se faire connaître et perpétuer de vraies valeurs , une vraie pratique de ce métier et un sens du bijou . Si j ’ avais un rêve ce serait que mes enfants aient la chance de vivre autant d ’ évolutions que celles que j ’ ai connues moi-même et que cela leur permette , à elles aussi , de pérenniser cette belle histoire .
Un bijou fétiche : Mon bijou fétiche n ' existe pas . Tous les bijoux sont la matière première de mes inspirations et j ’ ai surtout beaucoup de plaisir dans la création de bijoux que je partage avec mes clients .
Une montre favorite : Je n ' ai pas de montre favorite , mes envies et mes goûts évoluent en permanence . J ' aime beaucoup de montres pour différentes raisons souvent liées à la technique .
Une pierre très précieuse : Ma pierre préférée , par contre , est le diamant ! Il représente beaucoup pour moi , mes études , et la transmission d ' un savoir mystique de père en fils .
Roger , Richard & Edouard Frojo
BIJOUTERIES FROJO
- 17 rue Grignan , Marseille 6 ème 04 91 54 88 78
- 66 bd Rodocanachi , Marseille 8 ème 04 91 77 03 45
- place de la Garonne , Saint-Tropez 04 94 97 06 78
- Le Valstore , Val d ’ Isère 04 79 00 50 29
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