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RENCONTRE
TEXTE _Olivier EMRAN
Christophe
Lampidecchia
accordéoniste
Allez chauffe, Christophe, chauffe !
L
’accordéon… Un instrument qui pèse 12 kilos, où les
deux bras tirent et poussent constamment, où les deux
mains font le rythme, la mélodie et l’harmonie. Il existe un
Phocéen (au moins) qui parcourt le vaste monde avec
son piano à bretelles et qui laisse derrière son sillage de
notes, des hommes et des femmes encore ivres d’avoir
dansé jusqu’au bout de la nuit. Cet homme c’est Christophe Lampidecchia, 3ème génération du nom à jouer de
l’accordéon et premier de la lignée à en vivre totalement.
Pleinement même. Rencontre avec ce Marseillais de 41
ans qui joue avec le vent depuis l’âge de 8 ans…
Grand-père, père et fils, un même souffle
T’as voulu voir Vesoul…
Et aujourd’hui…
a musique c’est une histoire de famille ; mon père a été
mon professeur d’accordéon et mon grand-père jouait
de l’accordéon. Mon grand-père jouait plutôt des mélodies
napolitaines et mon père, lui, s’est orienté vers le swing, celui
de Tony Murena. Je me souviens de mon père répétant ses
morceaux dans la salle à manger. Je devais avoir 6 ans quand
j’ai repéré une pochette d’un disque de Jo Privat avec son
accordéon. Je prenais cette pochette, je m’asseyais sur la
caisse de son accordéon et j’en jouais comme d’un accordéon
pendant que lui répétait. Je faisais semblant de jouer avec lui.
Mon père, ça lui a fait tilt. Il m’a demandé si je voulais en
jouer et je lui ai dit que oui. J’ai attaqué l’accordéon à l’âge de
8 ans et je ne me suis plus arrêté depuis.
e suis issu d’une famille plutôt modeste des quartiers Nord
de Marseille et l’accordéon a changé ma vie. C’est un coup
de foudre, ça m’a pris aux tripes. C’est en jouant de cet instrument que je me suis dit qu’un jour il changerait ma vie.
L’accordéon, pour moi, était le symbole du rêve et de l’espoir. Il m’a transcendé et transformé. À tous les niveaux. Ma
première scène, c’était au restaurant la Renaissance place de
l’Octroi à Marseille. J’avais neuf ans et déjà un répertoire de
15 morceaux. Je jouais « Perle de cristal », « Indifférence »,
« Reine de musette », etc. J’ai fait mon premier bal, en tant
que « professionnel » à l’âge de 11 ans. Faire danser les gens,
ce n’est pas facile, il faut avoir le bon tempo, le bon ralenti,
avoir un œil sur la foule. C’est très compliqué. À 13 ans, j’ai
intégré un orchestre professionnel, à 18 ans je jouais au Dancing La plage sur la Corniche, puis au Vamping, près de la plage
des Catalans et j’ai enchaîné au Happy days à Châteauneuf-lesMartigues. J’ai appris à faire danser les gens.
e continue toujours avec Minino et en parallèle j’ai monté
un quartet avec de « grandes pointures ». Je viens de sortir
un album qui est un hommage à Gus Viseur, le premier accordéoniste de jazz du XXème siècle. Cet homme a bercé mon
enfance, c’est lui qui m’a donné le goût du jazz et du swing.
Mon disque est sorti en juin 2015 avec Christian Escoude
et Minino Garay. Je revisite les compositions de Gus Viseur à
la sauce jazz et afro. L’album est préfacé par Marcel Azzola… Mon rêve d’enfant !
L
J
J
Un message ?
J’aimerais simplement rajouter que l’on peut vivre de la
musique, il ne faut jamais perdre espoir.
En avaaaaant, jazz !
J
’ai fait de la musique populaire pendant longtemps, de la
musique qui fait danser. Et depuis quelques années j’ai pris
une nouvelle direction soit en tant qu’accompagnateur ou en
tant que créateur de projets orientés jazz. C’est à Avoriaz en
2010 lors d’un festival de jazz que tout s’est déclenché. J’ai
croisé André Manoukian et Louis Winsberg le guitariste
du groupe Sixun. À partir de là, j’ai rencontré le percussionniste et batteur Argentin Minino Garay, le contact s’est fait,
l’amitié s’est créée et il m’a proposé de partir faire une tournée avec lui en Argentine pendant un mois. On a écumé les
villes d’Argentine, des milliers de kilomètres et des heures
de bus ! Un moment extraordinaire. J’ai vu des choses incroyables.
Hiver 2015 _TM n°38
12
Album « Douce joie » à commander
chez www.mariannemelodie.fr _13,90 €
_www.christophelampidecchia.com
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