ToutMa ToutMa n°37 - Automne 2015 | Page 21
histoire
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LA GARE SAINT-CHARLES
L’esplanade de la gare en 2015
S
© Jeanne Menj
© Robert Valette
i une gare - et c’est le cas de celle-ci - doit être
idéalement située près du centre-ville et de ses
multiples activités, encore faut-il pouvoir y accéder facilement. Mais au début du XXème siècle, il
fallait passer par des rues étroites et pentues pour
y venir ou en partir. Un escalier existait déjà mais
il était trop sinueux. Le projet d’un grand escalier
va donc être mis à l’étude et faire, lui aussi, l’objet
d’un concours public en 1911. C’est celui de l’architecte Eugène Sénès (assisté de Léon Arnel) qui
l’emportera. Mais là encore, sa réalisation va être
retardée - première guerre mondiale, exposition
coloniale de 1922 - de quatorze années. Quoique
le maire Siméon Flaissières ait posé sa première
pierre le 17 juillet 1923, il ne sera inauguré que le
22 décembre 1925. Toutefois, il lui manquait encore les sculptures admirables qui jalonnent ses 104
marches : « Le Lion et l’Enfant » d’Ary Bitter, les
pylônes allégoriques en marbre d’Auguste Carli,
les bronzes à la gloire des produits de la Provence
d’Henri Raybaud et les sculptures coloniales de
Louis Botinelly. Elles justifieront une seconde
inauguration le 24 avril 1927, en présence du Président de la République Gaston Doumergue (qui,
le même jour, inaugurera aussi le Monument aux
Morts d’Orient de Gaston Castel, sur l’actuelle
Corniche Kennedy). Mais combien de voyageurs,
parmi ceux qui empruntent ce monumental escalier, s’attardent encore devant tant de beautés,
même dégradées par le temps ?
Pylône sculpté par Auguste Au niveau de la gare, de chaque côté de l’escalier,
Carli, symbolisant la porte deux groupes sculptés par Ary Bitter vous accueillent
de l’Orient
représentant chacun le lion et l’enfant. Une banderole
annonce « le soleil et la mer » sur la statue de gauche,
et « le monde est l’énergie » sur celle de droite.
Automne 2015 _TM n°37
© Robert Valette
Le grand escalier
L’escalier monumental de la gare Saint-Charles
Le quatrième palier est encadré de deux pylônes dont la partie sud
s’orne d’une allégorie féminine réalisée par Auguste Carli. Celle de
gauche symbolise la porte de l’Orient, celle de droite Marseille colonie
grecque.
19
Pour conclure
L
e samedi 27 mai 1944, 134 bombardiers
américains larguèrent sur la gare Saint-Charles
et les quartiers avoisinants 288 tonnes de bombes.
Il s’agissait ainsi d’empêcher le ravitaillement des
troupes allemandes d’occupation en vue du prochain
débarquement en Provence. Ce fut sans compter
avec les énormes dégâts collatéraux : rien que parmi
les cheminots, 150 d’entre eux seront tués ce jourlà. Pourtant, malgré la verrière effondrée et de
longs tronçons de rails dévastés, le trafic ferroviaire
reprendra dès le 8 juin suivant. Car une grande
gare – ce n’est pas moins vrai aujourd’hui – ne peut
rester longtemps inactive : il en va de sa survie. Et
si la gare Saint-Charles ne fut pas la seule gare du
réseau marseillais (on en dénombre une vingtaine
dont certaines, comme la Blancarde, sont toujours
actives), elle reste la gare de référence dans la
mémoire de la ville. Par son inépuisable vitalité, elle
demeure la gardienne de nos rêves les plus lointains.
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