ToutMa ToutMa n°36 - Eté 2015 | Page 4

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VOS STARS
ENTRETIEN _ Agnès OLIVE

francis HUSTER la belle étoile

Ce festival est une très grande chance pour la deuxième ville de France !
Francis Huster , monstre sacré du théâtre français , est parrain du festival « à la belle étoile » qui se déroule cet été du 1 er au 3 juillet à Marseille . Créé en 2013 par Marc Crousillat ( MCO ) et sa directrice artistique , Marianne Callebout , le festival a pour objectif d ’ offrir au grand public des textes de qualité , accessibles à tous , joués par des acteurs reconnus et dans un site exceptionnel : le Théâtre Silvain .
© Emmanuel BOURNOT
ToutMa : Pouvez-vous nous parler de ce Théâtre Silvain , souvent mal connu des Marseillais ( et pour cause puisqu ’ il a longtemps été fermé !) ?
Francis Huster : C ’ est un lieu vraiment « extraordinaire ». Un théâtre à ciel ouvert au bord de la mer , dans une petite arène , un écrin à l ’ abri du mistral , pouvant accueillir 2 300 personnes qui plongent sur la scène et voient tous parfaitement bien depuis leur place , c ’ est unique au monde ! Les spectateurs sont dans un confort de concentration inouï , tout le centre de gravité de la pensée est posé sur la scène . Et du coup les acteurs peuvent prendre beaucoup plus de risques dans l ’ interprétation . C ’ est magique . Le seul « hic » c ’ est la question du parking …
TM : Un problème qui devrait pouvoir se résoudre facilement non ?
© Christine RENAUDIE
FH : Oui bien sûr , par exemple en mettant des navettes à la disposition des Marseillais au départ de trois points stratégiques de la ville , qui accompagnent et raccompagnent les spectateurs , tout simplement .
TM : Et au point de vue acoustique , un théâtre en plein air , ça donne quoi ?
FH : C ’ est très bien . Pour moi , de toute façon , c ’ est définitif , je ne veux plus jouer sans micro . Aujourd ’ hui grâce à un matériel très perfectionné , on peut davantage travailler sa voix au micro , comme n ’ importe quel instrument , c ’ est fabuleux . Avec un micro , les silences sont exacts dans la portée et dans la distance alors que sinon l ’ écho de la voix humaine décale le début du silence . Sans micro quand je me tais , je continue à entendre ma voix ... En plus , l ’ écoute des spectateurs est bien meilleure avec un micro !
TM : Vous allez interpréter pour la dernière soirée du festival Le joueur d ’ échecs de Stefan Zweig dans une adaptation d ’ Éric-Emmanuel Schmitt et une mise en scène de Steve Suissa , pièce que vous jouez en ce moment-même à Paris et qui est un véritable triomphe depuis l ’ année dernière . Comment expliquez-vous un tel succès ?
FH : Contrairement à ce que l ’ on pourrait croire , Stefan Zweig est un auteur très populaire , la preuve c ’ est qu ’ on trouve ses romans dans les gares à côté des Musso et des Levy ! Et Le joueur d ’ échecs est son chef d ’ œuvre absolu , qu ’ il a envoyé à son éditeur juste avant de se suicider avec sa femme . Le texte a donc été publié de manière posthume , un récit « testament » en quelque sorte dans lequel l ’ auteur , qui est juif , exprime toute sa douleur face à la barbarie nazie . Mais Stefan Zweig , c ’ est aussi un homme complexe , qui , selon moi , n ’ a pas fait ce qu ’ il aurait dû faire lors de la montée du fascisme en Europe . C ’ est ce que je raconte dans un livre que j ’ ai consacré à l ’ écrivain , Le Nobel oublié , qui paraîtra en septembre …
TM : Le festival , lancé en 2013 par Jacques Weber avec une seule soirée , semble cette année prendre un envol plus important avec trois belles soirées très prometteuses . Comment voyez-vous l ’ avenir de cette manifestation ?
© Christine RENAUDIE
Été 2015 _ TM n ° 36 2
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