ToutMa ToutMa n° 42 - Novembre / Décembre 2106 | Page 52
agenda
L’EXPO
TEXTE _Emmanuelle VIGNE
MARILYN
I Wanna Be Loved By You
Centre d’Art Hôtel de Caumont
© The Cecil Beaton Studio Archive at Sotheby’s
Marilyn Monroe ne cesse de fasciner, son mythe est bien vivant et
traverse les époques. La femme la plus désirée, la plus photographiée, est multiple et complexe. Solaire, blonde irradiante, sourire
éclatant, véritable star et sex-symbol, l’icône renvoie aussi l’image
ténue d’une jeune femme vulnérable et touchante. A travers une
soixantaine de photographies, l’exposition organisée par Culturespaces raconte l’histoire de la relation singulière que Marilyn a toujours entretenue avec la photographie et les photographes. Une
relation fondamentale dans la construction de son image mythique.
Cecil Beaton
L
’exposition bénéficie d’un double commissariat : Sylvie
Lécallier, chargée de la collection photographique au
Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris, pour la partie
située au premier étage et Olivier Lorquin, président du Musée
Maillol à Paris, pour la partie du second étage consacrée à la
« dernière séance » de Bert Stern. Les tirages présentés - dont
certains demeurent encore peu connus - sont principalement
issus de collections privées et agrémentés de nombreux
supports multimédias. André de Dienes, Richard Avedon,
Philippe Halsman, Eve Arnold, Cecil Beaton, Sam
Shaw, Ed Feingersh, George Barris… tous les grands
noms de la photographie de son temps l’ont immortalisée, faisant de la star une icône absolue… et Marilyn contribuant aussi
largement à leur renommée.
a même année, sa rencontre avec André de Dienes est
déterminante. Tous deux partent dans un périple de plusieurs milliers de kilomètres. Il la fait poser en plein air, découvre la fraîcheur et la photogénie de son modèle dont il
tombe amoureux. « C’est la séance photo fondatrice de sa relation
aux photographes, explique Sylvie Lécallier. Marilyn a plaisir
à poser, à être regardée. C’est une façon de se chercher.» Dienes la
persuade de se montrer partout, de ne jamais refuser d’être
photographiée. En un an, elle fait 36 couvertures de magazines
et devient la « girl next door » irradiant par son magnétisme,
mélange de fragilité et de vibration photogénique.
M
arilyn a conscience du pouvoir de l’image qu’elle cultive
très tôt. Elle vit derrière l’objectif, se sent désirée. Elle
va conserver cette relation de confiance avec les photographes,
initiant régulièrement des séances photos. Un rapport exclusif
face à l’objectif, à la différence des caméras et des plateaux de
cinéma qui l’angoissent. « Elle construit cet espace de liberté où
elle est maître du jeu » dit Sylvie Lécallier. Très loin de l’image
conventionnelle des studios.
E
© Estate of Ber t Ster
n 1947 elle devient Marilyn en signant
son premier contrat avec la 20th Century
Fox. Les salles du premier étage montrent
ainsi comment Norma Jeane a créé Marilyn,
passant de la pin-up à la grande star de cinéma. On y trouve aussi les plus célèbres clichés de l’actrice et chanteuse : ses mariages
avec Joe di Maggio et Arthur Miller,
son tour de chant en Corée pour soutenir
les GI’s et les photos de sa relation avec
John Fitzgerald Kennedy.
n / Staley-Wise Gallery
/ Galerie Dina Vierny
arilyn Monroe, née Norma Jeane Baker le 1er juin
1926 est « la vivante incarnation de ce dont est capable
une femme pauvre issue d’un milieu défavorisé et, pour tous, le
symbole de l’éternel féminin ». Lee Strasberg, Directeur Artistique de l’Actors Studio, résume ainsi le mythe quatre jours
Bert Stern
après sa mort survenue le 5 août 1962. Un
père inconnu, une mère, Gladys Pearl
Monroe, monteuse de films, à l’équilibre psychique instable qui l’abandonne
très jeune. Une situation aggravée par une
succession de pensions et orphelinats qui
amplifie ses angoisses adolescentes… à
jamais. Sa jeunesse malheureuse résume le
fondement de sa quête existentielle et de
son rapport à l’image : apprendre à s’aimer
et désirer être aimée. Elle dira d’ailleurs :
« Personne ne m’a jamais dit que j’étais jolie
quand j’étais petite. On devrait toujours dire aux
petites filles qu’elles sont jolies, même si ce n’est
pas vrai ». C’est en travaillant dans une usine
d’aviation en 1945 qu’elle est remarquée par
un agent publicitaire de l’armée subjugué par
son potentiel photogénique.
Novembre / Décembre 2016 _TM n°42
dans un jeu de séduction, lovée sur le
lit d’une chambre d’hôtel. Ce sont près
de 3000 clichés tendres et voluptueux
qui seront pris au naturel. Marilyn nous
absorbe du regard à travers l’objectif.
Un ange apparaît sur ces tirages grands
formats. Un mois plus tard, c’est à nouveau sur un lit, dans sa nouvelle villa de
Brentwood, que l’on retrouvera l’actrice mais cette fois-ci inanimée… Une
exposition à ne pas manquer.
© 2016 Joshua Green
M
L
L
oin de l’ apparence écervelée qu’on
lui prêtait parfois, Marilyn contrôlait
chaque image comme en témoignent les
planches-contacts de la « dernière séance
», où les clichés qui lui déplaisent sont
barrés de sa main. Une série bouleversante où la star se livre durant deux jours
Milton H Greene
MARILYN
I Wanna Be Loved ByYou
jusqu’au 1er mai 2017
Hôtel de Caumont-Centre d’Art
3 rue Joseph Cabassol, Aix-en-Provence
_04 42 20 70 01
caumont-centredart.com
Tous les jours de 10h à 18h.
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