Montréal pour Enfants vol. 17 n°2 Printemps 2017 | Page 24

Bras ouverts devant l ’ innovation

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inconfort , mais maintenant qu ’ il est parti , je m ’ en rends compte . Cela se passe beaucoup au niveau du stress : pendant leur grossesse , les mères ne se rendent pas compte du stress qu ’ elles accumulent . »
Le contexte thérapeutique est également une belle occasion de revenir sur les conseils de santé générale , dont certains ont pu déjà être évoqués par les médecins et les infirmières , mais en explorant davantage les obstacles rencontrés et des moyens concrets , adaptés à chaque famille , pour les surmonter . Catherine Desrosiers , pour sa part , possède un grand nombre d ’ outils afin d ’ éviter la panne d ’ imagination des parents lorsqu ’ ils doivent réaliser des exercices en stimulant quotidiennement leur nourrisson : « Des conseils que l ’ on donne pour éviter les torticolis et les têtes plates : c ’ est sûr que l ’ on veut éviter , durant le jour , de rester sur le dos ou assis dans un siège où la tête est appuyée . On peut s ’ assurer de changer les enfants de côté dans le lit et de changer leur orientation dans la pièce pour qu ’ ils soient attirés des deux côtés . On peut allaiter ou donner le biberon des deux côtés aussi , pour favoriser la symétrie . »
Franck Collet remarque qu ’ il aide parfois les parents à apprivoiser ce nouveau mode de dialogue qui s ’ instaure avec les enfants et passe fondamentalement par le contact physique : « C ’ est par le toucher qu ’ il comprend qu ’ il y a quelque chose autour de lui . Je parle aux parents , je leur fais prendre conscience de cela et je les rassure , parce que parfois , ils ne savent pas comment toucher , ils ont peur . » Il tente aussi d ’ inclure graduellement les pères dans ce doux dialogue . Comme il est assez fréquent que les passionnés de périnatalité s ’ intéressent autant à la grossesse qu ’ aux nourrissons , il n ’ est pas rare que la mère et l ’ enfant puissent recevoir leurs soins d ’ un même thérapeute . Danica Brousseau et les autres soignants remarquent d ’ ailleurs qu ’ il est parfois plus facile de gagner la confiance des parents pour traiter un enfant lorsque les conseils ont déjà été éprouvés avec le parent : « On suit la mère pendant sa grossesse et l ’ enfant après , donc il y a une continuité intéressante des soins . Ce n ’ est pas rare de voir trois générations dans le même cabinet . »
Bras ouverts devant l ’ innovation
Même s ’ il est question , avec l ’ acupuncture par exemple , de traditions millénaires , le milieu où évoluent les praticiens en soins complémentaires est propice à l ’ innovation . Ceux qui font partie d ’ ordres professionnels doivent d ’ ailleurs suivre des formations continues chaque année . Ils s ’ adaptent ainsi en permanence à un contexte d ’ intervention qui ne ressemble plus , même en natalité ou en pédiatrie , à celui qu ’ auraient pu connaître nos mères et nos grand-mères . Le souci de s ’ assurer que le porte-bébé est bien ajusté et que son usage n ’ est pas trop hâtif est propre aux praticiens des nouvelles générations , ainsi que tout ce qui touche les risques d ’ épuisement , de culpabilité et de détresse devant l ’ isolement que vivent plus que jamais les super femmes d ’ aujourd ’ hui .
Catherine Desrosiers doit également discuter avec les nouveaux parents du bon usage des exerciseurs et autres accessoires pour enfants , et même les aider à gérer les contrecoups des dernières tendances du monde médical . « Ce que l ’ on voit beaucoup en plus des retards de développement , depuis 1992 , ce sont des torticolis et des plagiocéphalies ( têtes plates ), surtout depuis que le coucher sur le dos est instauré . On constate une augmentation d ’ environ 60 % des problèmes de tête plate et des torticolis chez les bébés depuis . Beaucoup viennent aussi consulter en physiothérapie . Notre conseil demeure de coucher les bébés sur le dos comme le prescrit l ’ ensemble du corps médical , parce que les études ont démontré que cette pratique réduisait le risque de mort subite du nourrisson . Nous ne pouvons pas proposer autre chose , mais nous pouvons suggérer des alternatives durant la journée afin de diminuer cet appui sur la tête . »
Les professionnels eux-mêmes ont aussi accès à une technologie plus avancée . Qui aurait cru en effet , il y a un siècle , que les acupuncteurs en viendraient à utiliser le courant électrique pour accroître l ’ efficacité thérapeutique et le laser pour traiter les nourrissons sans piqûre ? Les physiothérapeutes utilisent aussi l ’ électricité pour renforcer le périnée , des balles pour lui faire prendre de l ’ expansion et plusieurs outils , afin d ’ adapter les tests et les exercices au mode de vie de chacun . Mélanie Claveau dit même faire appel à des prothèses , habituellement utilisées pour soigner certains maux , à titre préventif durant la grossesse : « Cela offre un support à la vessie , l ’ utérus et le rectum . Les médecins prescrivent cette même prothèse aux personnes très âgées . Alors souvent , lorsque je la demande à un médecin pour une jeune femme enceinte , ils m ’ appellent pour me demander des explications . »
La curiosité et la fierté d ’ apprendre semblent d ’ ailleurs caractériser tous les praticiens consultés . « Quand j ’ ai commencé mon baccalauréat en physiothérapie , on y parlait déjà de rééducation périnéale ( du périnée ). J ’ ai eu la chance de faire partie de cette première équipe . Pendant mes études , j ’ ai été assistante de recherche d ’ une chercheuse très réputée en périnéale à Sherbrooke . Cela m ’ a donné envie d ’ exercer ce métier où il fallait faire ses preuves