Montréal pour Enfants vol. 17 n°1 La relâche scolaire 2017 | Page 4

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Sonnez pour un câlin

Par ANIK ROUTHIER

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La société de consommation dans laquelle nous vivons a parfois du bon : on fait quelques fois des trouvailles qu ’ on n ’ aurait jamais même imaginées , mais qui deviendront des objets coups de cœur . C ’ est ce qui m ’ est arrivé avec mes trois filles . Elles voulaient des livres pour Noël , alors j ’ ai bravé la marée humaine en quête de cadeaux et nous sommes allées faire la tournée des librairies . Près de la caisse , l ’ une de mes filles a attiré mon attention sur une petite cloche rouge , réplique exacte de celles reposant sur les comptoirs de service à la clientèle lorsque les employés s ’ activent dans l ’ arrière-boutique . Cela dit , sur celle-ci était indiqué : « Sonnez pour un câlin ». Je suis immédiatement tombée en amour : sans hésiter , je l ’ ai adoptée !
Une fois revenues à la maison , mes filles et moi avons eu un plaisir fou avec ce petit gadget ! Trônant au milieu de mon îlot de cuisine , la clochette a été testée à maintes reprises . Ainsi , chaque fois qu ’ une personne sonnait , celle qui était la plus près devait offrir un câlin à la demandeuse . Et cela ne se refusait pas ! Disons que mon adolescente a accueilli l ’ idée avec un enthousiasme très limité , en vertu duquel nous l ’ avons obligée à nous prodiguer des câlins ( sans exagérer , tout de même ; alors elle s ’ est prêtée au jeu de bon cœur , avec son « sourire » d ’ ado sous-entendant qu ’ elle nous trouvait plutôt folles ). Ma benjamine a adoré la cloche et plusieurs fois par jour , elle la sonnait pour un câlin , précisant que si on entendait plusieurs petits coups d ’ affilée , le câlin devait être plus long . Personnellement , j ’ ai profité de la cloche pour câliner ma cadette quand elle me semblait plus maussade et qu ’ elle était à proximité . Eh oui , les adultes peuvent aussi faire retentir des « dings à câlins » ! D ’ ailleurs , pendant les Fêtes , un des adultes invités chez
Ce moyen tout simple rend les enfants plus aptes à exprimer leurs besoins affectifs , puisque le message est sans équivoque , sans pour autant devoir être verbalisé , et que ceux qui sonnent ont une « garantie de satisfaction ».
nous en a fait l ’ essai , juste pour voir , et mon amoureux et moi sommes allés conjointement lui faire un câlin . Nous avons bien ri !
Cela dit , c ’ est surtout le fils de mon conjoint qui paraît avoir le plus aimé le concept . La cloche a donc été pour lui une manière de remplir son réservoir affectif , voire de le faire déborder ! Il y a eu recours de nombreuses fois par jour ( et en particulier quand il est arrivé à la maison , ce qui résulte sûrement de la notion de garde partagée , puisque les enfants sont heureux de revoir le parent qui a été précédemment absent et recherchent un peu plus sa proximité ). Ce jeune garçon de cinq ans a d ’ ailleurs élaboré son propre code : un coup pour un câlin ( la plupart du temps quand il voyait que son père était dans les parages ), et deux coups pour un câlin de groupe : son père le prenait dans ses bras , puis je me joignais au groupe pour que le petit soit serré entre nous deux . Toute la famille a copié l ’ idée : le nombre de coups distincts indiquait ainsi le nombre de personnes devant participer au câlin .
J ’ en viens à la conclusion que ce moyen tout simple rend les enfants plus aptes à exprimer leurs besoins affectifs , puisque le message est sans équivoque , sans pour autant devoir être verbalisé , et que ceux qui sonnent ont une « garantie de satisfaction ». Le réconfort de savoir qu ’ on aura toujours droit à tous les câlins souhaités , n ’ est-ce pas une merveilleuse manière de faire savoir à nos enfants qu ’ on sera toujours là pour eux ?
P . -S . Si vous ne trouvez pas une telle cloche , vous pouvez en acheter une sans décoration et écrire dessus à l ’ aide d ’ un feutre Sharpie . •