Atypeek Mag N°1 | Page 77

ALBUMS
Date de sortie : 16 / 09 / 2016 Durée : 33 min Nationalité : US Styles : Hardcore Rock / Punk
Date de sortie : 18 / 03 / 2016 Durée : 1:08:08 Nationalité : DE Styles : BO / Contemporary Jazz / Soundtrack
Date de sortie : 8 / 07 / 2009 Nationalité : JP Styles : Fusion / Contemporary Jazz / Electronic / Jazz / Rock
Touché Amoré Stage Four ( Epitaph )
À l ’ image de son titre , ‘ Stage Four ’, paru chez Epitaph et qui fait suite trois ans plus tard à l ’ excellent ‘ Is Survived By ’ – après deux albums commis via Deathwish Inc . – parle d ’ un sujet grave en évoquant de manière largement autobiographique le combat qu ’ a mené jusqu ’ à la fin la mère de Jeremy Bolm ( le frontman et vocaliste du groupe ) contre le cancer . Une thématique assez difficile donc , qui fait le cœur d ’ un album que les Américains ont su rendre à la fois sobre et particulièrement intense . Entre colère , désespoir , résignation , refus de la fatalité , Touché Amoré aborde la maladie de manière frontale , avec le magnifique « Flowers and You » inaugural et bouleversant qui ouvre ce nouvel album . Un titre à la fois touchant et rageur en forme de grand huit émotionnel qui nous fait passer par un peu tous les états et démontre que le groupe , à l ’ image de ce dont il veut ici témoigner ne se laissera jamais abattre (« New Halloween »). Sans fausse pudeur mais avec cette intégrité qui a toujours été l ’ une des marques de fabrique de leur musique depuis ‘… To the Beat of a Dead Horse ’ en 2009 , les Touché Amoré ne cachent rien et abordent les aspects les plus difficiles de cette lutte acharnée contre la maladie (« Eight Seconds », « Palm Dreams »). Du choc des premiers symptômes , de l ’ acceptation de la maladie , de la peur de ne pas s ’ en sortir , de l ’ espoir , de ces moments où l ’ on sent au fond de soi le besoin de profiter une dernière fois de ces petits instants de bonheur que réserve malgré tout l ’ existence (« Benediction »), le groupe parle à l ’ intime et le fait avec une classe étourdissante (« Posing Holy », « Water Damage »). Accompagné de ses frères d ’ armes , Jeremy a voulu rendre un dernier hommage à sa mère avec cet album se terminant sur le très beau « Skyscraper » ( avec Julien Rose Baker ). Une ultime ode à l ’ amour filial , émouvante , touchant mais jamais forcée qui conclue joliment cet album indispensable , autant de par sa thématique que de sa réalisation imparable . Sans doute parce que les grands groupes et musiciens se révèlent dans les moments les plus difficiles de leur vie . Respect .
✎ Aurelio I www . scoreav . com I http :// urlz . fr / 53uM
ERNST REIJSEGER Salt & Fire ( Winter & Winter )
Avec Ernst Reijseger , le cinéaste Werner Herzog a retrouvé un univers mélancolique , incantatoire et ample comme celui qu ’ il avait développé avec Popul Vuh durant sa grande période ( Aguirre , Cœur de verre , Nosferatu , Cobra Verde , Fitzcarraldo ). Il s ’ agit ici de leur cinquième collaboration ensemble après The White Diamond , The Wild Blue Yonder , Dans l ’ œil d ’ un tueur et La Grotte des rêves perdus . Aucun synthétiseur chez Ernst Reijseger et un background tout autre que celui des planants Allemands . Violoncelliste , plus habitué aux musiques improvisées , musiques du monde ou musiques de chambre , le néerlandais combine ici tout son savoir-faire afin de proposer une musique immersive , élégiaque et languissante . L ’ originalité vient de la diversité des interprètes et des combinaisons culturelles étonnantes orchestrées par le compositeur . Cordes grinçantes , piano romantique , accordéon taciturne , flûtes acrimonieuses se mêlent aux complaintes de Mola Sylla , un chanteur du Sénégal . Les polyphonies , avec leurs vibrations gutturales (“ Fin Tantos Cassatores ”), renvoient même à ce superbe documentaire de Herzog qu ’ est Les Cloches des profondeurs . Pour ceux qui auront vu Salt and Fire , sorti en décembre dernier et coproduit par Potemkine ( toujours dans les bons plans !), la musique y joue un rôle primordial , à la fois en décalage avec le récit ( sorte de thriller écologique chamboulé par le goût de Herzog pour les farces grotesques et pour une liberté de ton anti hollywoodienne au possible ) et soulignant une mysticité et un rapport entre l ’ homme et la nature , mis en avant dans la seconde partie qui se passe dans le désert de sable de Salar d ’ Uyuni en Bolivie . L ’ ambiance d ’ ensemble est recueillie , magique et parfois même un brin ludique dans sa combinaison d ’ un violoncelle free assez délirant et tellurique avec des chants d ’ élévation appuyés par des percussions tribales (“ A una Rosa ”). Par moments , des touches de musique répétitive minimaliste se font sentir (“ Foreign Country ”) mêlées dans un tout indéniablement cérémonieux et chimérique . Poétique malgré une dominante maussade (“ Reunion ”).
✎ Maxime Lachaud I http :// urlz . fr / 53v0
Mouse On The Keys An Anxious Object ( Denovali Records )
Après la révélation avec l ’ EP ‘ Sezession ’ vient le temps de la confirmation pour le trio Mouse On the Keys et son premier album forcément très attendu au tournant : ‘ An Anxious Object ’. On admire l ’ objet , plutôt classe comme souvent ( toujours ?) chez l ’ hyperactif Denovali Records , on dépose fébrilement le disque sur la platine et voici que les premiers accords s ’ égrènent doucement , le temps d ’ un « Complete nihilism » à l ’ élégance gracile , ici déposée comme une ultime dernière respiration avant de se lancer dans un grand huit jazz fusion de très haute volée . Les Nippons dévoilent alors « Spectre de mouse » et refont le coup de ‘ Sezession ’, entre maestria technique effarante et sentiment d ’ urgence fébrile . Une pluie de notes parcourant les deux pianos qui se répondent , un duel fratricide arbitré par un batteur toujours aussi survolté . Comme à son habitude , Mouse On The Keys impressionne : mélodie entêtante , toucher de clavier au dessus de la moyenne et fougue peu commune , le tout pour un cocktail musical furieusement emballé . On l ’ a compris : dans leur frénésie instrumentale , les japonais font ici ce qu ’ il savent faire de mieux . Et plus encore quand il faut enchaîner avec un « Seiren » au groove fiévreux marqué un jazz incandescent , esquissé en clair / obscur . Le trio façonne ses ambiances et ne laisse rien au hasard . Impossible , sa musique est une merveille de précision , d ’ horlogerie suisse comme appliquée au free-jazz et directement importée depuis l ’ Empire du Soleil Levant . Ne redoutant pas la prise de risques , les Mouse on the Keys s ’ amusent avec l ’ exercice de style « Dirty realism », avant de revenir à quelque chose de plus classique chez eux , mélodique et raffiné avec le très beau « Forgotten children » avant le plus rythmé « Unflexible grids ». Experimental mais pas trop , inventif juste ce qu ’ il faut , toujours d ’ une imparable cohérence , le groupe révoque les clichés de l ’ expérimental avant-gardiste outrancier pour chercher l ’ originalité efficace , clairement assumée (« Double bind », « Soil », « Ouroboros »). Rien à redire , après deux sorties , le groupe s ’ impose comme une exception ( à tous les sens du terme )… ( Très ) Classe . http :// urlz . fr / 53uL
✎ Aurelio I www . scoreav . com I
ATYPEEK MAG # 02 JANV ./ FEV ./ MARS 2017 77