Atypeek Mag N°1 | Page 60

GABRIEL HIBERT ABDUCTé (Atypeek Music/Tandori Records/Permafrost/ Who’s brain Records/Econore/Cheap Satanism Records/ KdB Records) Abducté est le troisième album de Gabriel Hibert – un petit gars de Toulouse – après Peindre Et Ne Rien Foutre en 2014 et Désenvoûtement en 2014 mais il s’agit surtout de son premier disque à bénéficier d’une sortie véritable, avec un tirage conséquent et en vinyle, s’il vous plaît. La musique de ce garçon a toujours été passionnante mais avec Abducté il a assurément franchi le cap d’un enregistrement réussi : Gabriel Hibert reste un musicien à découvrir absolument en concert, il y est tout seul sur scène avec sa batterie, ses dispositifs sonores et sa voix or, oui j’insiste, ce troisième album est aussi celui qui se laisse écouter avec le plus de plaisir à la maison, allongé par terre sur un vieux tapis rouge, les bras en croix (abduction ?) et la tête remplie de défilements d’images fugaces et cependant per- sistantes. Ni math-rock ni post-rock mais résolument cinématographique, la musique enregistrée pour Abducté joue la carte de la concision bien remplie : pas d’introductions qui s’étalent, pas de finaux qui atterrissent nulle part, pas de rembourrages au milieu et pas de parlottes pour ne rien dire mais un foisonnement d’idées qui virevoltent autour de la batterie, pilier central mais tordu d’un dispositif unipersonnel qui ne saurait pas fonctionner autre- ment. Pas sûr effectivement que les compositions d’Abducté tourneraient aussi bien si elles étaient interprétées par un « vrai » groupe, disons un groupe de trois personnes. Ce que je veux dire c’est que Gabriel Hibert possède cette force de savoir quand il y a des trous à remplir et surtout de savoir com- ment il peut le faire, tout seul ; j’extrapole sûrement en soupçonnant également que s’il ne trouve pas comment procéder d’une façon qui lui convienne totalement, il en vient à abandonner son idée de base – une absence de prétention non feinte qui peut expliquer le caractère si intense de sa musique. De tous les one man band qui fleurissent depuis ces dernières années, Gabriel Hibert est ainsi l’un des plus intéressants, peut-être bien parce qu’il a beaucoup compris de l’importance des rêves. I ✎ Hazam http://urlz.fr/53tK 60 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 Date de sortie : 09/09/2016 Durée : 00:54:22 Nationalité : UK Styles : electro M.I.A. AIM (Interscope) Princesse, boxeuse, princesse en gant de boxe, boxeuse au port royal. M.I.A. frappe et refuse la révérence, seule sa voix salue, son débit déboîte et sa gouaille dégoise. Pour un poids plume qui envoie du plomb, pas de titres d’album plus ap- propriés que AIM, « cible ». Un mile qui n’en finit plus de s’élargir, passant de l’ouverture discrète au cratère massif. Il faut dire que M.I.A. enchaîne 17 morceaux, soit 17 façons de déchirer le cœur de cible. Un album dense mais cohérent. Il s’ancre à la fois dans l’actualité et son histoire personnelle, celle d’une des figures de la Nu Rave, également fille de militant politique. La trajectoire complexe des migrants constitue un fil rouge tressé de luttes, de survies et d’espoirs décrits dans Borders, Foreign Friend, Visa et Ali Ru Ok ? Le premier morceau cité fait écho aux aptitudes d’artistes visuelles de MIA à travers son magnifique clip montrant un bateau dont chaque être humain est une pièce. Les deux derniers se caractérisent eux par des inclusions de musiques du monde mettant en avant une maîtrise fine du séquenceur. M.I.A. traite du com- bat en général et en profite pour tacler les haters sur Finally : « I’m someone’s shot of whiskey. Not everyone’s tea ». Certaines tracks comme les deux versions de Bird Song et Swords méritent d’être particulièrement saluées pour leurs intros origina- les menées avec le même brio que les bruits de revolver sur son vieux tube Paper Planes. AIM, s’il est peut-être l’ultime album de M.I.A., sera une sortie de scène aux allures de victoire sur le ring… ce qui n’empêche pas d’espérer un autre round. I ✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53tN Date de sortie : 15/10/2016 Durée : 28 min Nationalité : FR Styles : DRONE / EXPERIMENTAL ALBUMS