Atypeek Mag N°1 | Page 55

ALBUMS
Date de sortie : 30 / 11 / 2013 Durée : 00:37:08 Nationalité : FR Styles : DRONE / EXPERIMENTAL / METAL
Date de sortie : 2017 Nationalité : US Styles : Garage Rock
Date de sortie : 04 / 11 / 16 Durée : 27 min Nationalité : US Styles : grunge / metal
Pore
Dorsale ( Atypeek Music / Permis De Construire )
Si Davy Jones Locker bénéficie encore d ’ une belle aura dans le milieu Indé , et à juste titre d ’ ailleurs , je trouve le projet solo de David Valli bien plus fascinant .
Dans Pore , tout respire le minimalisme industriel : la photo , le nom des titres , de l ’ album , du groupe , la musique , tout est caractéristique d ’ une époque où “ Métal Industriel ” ne signifiait pas d ’ adopter un look Cyber Punk ridicule pour plaquer trois accords sur sa guitare en arborant un visage grimaçant derrière un masque à gaz .
Ces trucs-là , c ’ est le décorum moderne qui cache trop souvent de la merde en barre , des mecs qui kiffent l ’ esthétique SM et qui doivent apprécier de se mettre un doigt dans le cul après une soirée tofu – vodka caramel , parce que c ’ est samedi et qu ’ on fait les fous . Ceux-là on n ’ en parle pas tellement ils font pitié .
Dans les 90 ’ s , faire du Métal Indus , cela avait un sens , une esthétique sociale de prolo encagé dans l ’ urbanité délirante . Et que tu t ’ appelles Godflesh , l ’ influence la plus évidente de Pore , Treponem Pal , Proton Burst ou M . Pheral , il était inconcevable de pratiquer ce style pour la hype .
C ’ était sale , répétitif , hypnotique et je crois qu ’ en France c ’ est bien David Valli qui a porté le concept jusqu ’ à son extrême .
Seul avec sa guitare et des machines , Dorsale s ’ écoute aujourd ’ hui avec le même esprit de déshumanisation qu ’ en 1992 . Ni le style ni le propos n ’ ont vieilli pour qui aime l ’ épuration maximale ( un ou deux riffs par titres ), les mids tempos agressifs et cette approche musicale tellement représentative des années 90 .
Bien sûr Dorsale est un disque répétitif , dénué de mélodie mais son atmosphère est unique (“ Radius ”) et , au final , lorsque ce style est joué ainsi , je crois que c ’ est l ’ un de mes favoris : inexorable , dénué d ’ âme , ne visant qu ’ à exprimer froideur et vide .
✎ Arno Vice I www . xsilence . net I http :// urlz . fr / 53oR
Ty Segall Ty Segall ( Drag City )
Vous vous souvenez de Manipulator ? Oui , forcément . C ’ est ce moment où Ty Segall avait décidé de s ’ approprier une bonne partie des derniers qui , jusque-là , étaient parvenus à résister son charme .
C ’ était alors une synthèse parfaite du talent du bonhomme . Une énergie vorace , un sens affûté de la mélodie qui tue et une pointe de sensibilité déjà démontrée dans l ’ étonnamment apaisé Sleeper . Et puis , après être parvenu à concilier les fans de la première heure tout en séduisant de nouveaux adeptes , Ty avait décidé de tout balancer aux orties . Sur Emotional Mugger , il faisait plus de bruit que jamais pour la plus grande joie de certains vieux fidèles mais au grand dam d ’ autres ( dont je suis ) déplorant que l ’ excès d ’ énergie , la volonté d ’ en foutre partout eût nui à l ’ efficacité de ses compos . Un an après , Ty Segall revient , flanqué de son équipe habituelle ( Mootheart , Cronin …), et délesté de King Tuff présent sur Emotional Mugger . Après cette parenthèse désenchantée , le voilà avec la véritable suite de Manipulator . C ’ est-à-dire du garage tantôt versant punk tantôt versant folk , mais toujours délicieusement pop . Donc le Ty récite ses gammes . Mais après l ’ ouverture classique et efficace (« Break A Guitar », bien fuzzy comme il faut ), le menu se révèle bien copieux . « The Only One » et ses grattes indomptées qui n ’ en font qu ’ à leurs cordes , l ’ épique « Warm Hands ( Freedom Returned ) », véritable morceau de bravoure . 10 minutes sous le capot . La punkette « Thank You Mr . K », la folk « Orange Color Queen » qui sonnerait presque comme du Elliott Smith sur son refrain . La très pop « Papers », avec même du piano dedans ! Le père Segall se transforme même en vieux briscard du blues (« Talkin »)… Il y aura toujours matière à pinailler , à dire que le Ty est ici parfaitement calé dans ses souliers faisant exactement ce en quoi il excelle ( c ’ est-à-dire à peu près tout , vous l ’ aurez compris ). Si on veut faire preuve d ’ un minimum d ’ objectivité , on signalera que son domaine de prédilection , reste de faire de sacrés bons albums . Et en voici un de plus .
✎ JL I www . exitmusik . fr I http :// urlz . fr / 53pe
Tad God ’ s Balls ( Deluxe Edition ) ( Sub Pop )
1987 , Seattle , une figure de la scène rock locale bosse dans son coin , il s ’ appelle Tad Doyle , il est boucher et son quintal ne passe pas inaperçu . Il apporte ses démos au studio Reciprocal où Jack Endino a enregistré le Screaming life de Soundgarden et le Dry as a bone de Green River . Un single composé de deux titres , “ Ritual device ” et “ Daisy ”, sort chez Sub Pop , le label local qui a signé les deux groupes précités et qui , en ce 1 er août 1988 , sort également un single de Mudhoney . La mayonnaise prend et ils retournent en studio pour enregistrer un premier album qui sort en mars 1989 : God ’ s balls . Cet album était devenu une rareté quasi introuvable , comme les autres disques Sub Pop , ils sont aujourd ’ hui réédités . En bonus sur ce premier album cultissime , on a le fameux single et même une version démo de “ Tuna car ”. En plat de résistance , on a donc cette première œuvre de Tad avec ce chant gueulé souvent mal tenu , une batterie sur laquelle on frappe fort , des riffs hachés , un son de distorsion bien crade , bref , une collection de titres pas sexy pour deux sous , carrément poisseux , ni à du punk . En 1989 , le mot à utiliser est celui qui colle à la peau de Green River : grunge . 15 jours après avoir édité un split single Tad / Pussy Galore , le 15 juin Sub Pop met sur orbite un autre groupe qui sort aussi un premier album : Nirvana qui est allé enregistrer Bleach chez Endino … Et tout ce que tu entends sur ce Bleach est déjà sur God ’ s balls , certes Tad n ’ a pas un “ About a girl ” pour draguer mais pour le reste , on en est assez proche . Non , le groupe de Kurt Cobain n ’ a rien inventé … Pouvoir facilement se procurer ce premier opus de Tad aujourd ’ hui permet donc de remonter le temps et de se replonger dans une époque et une ambiance particulière , de revivre le tournant des années 90 avec ces jeunes groupes qui ont enterré les années 80 et transformeront bientôt le monde musical sans forcément le vouloir . Cette réédition est un petit miracle . Parce que oui , les beuglements de “ Behemoth ”, les déchirements inaudibles de “ Cyanide bath ” ou la pseudo-mélodie de “ Hollow man ” font partie de l ’ histoire du Rock .
✎ Oli I www . w-fenec . org I http :// urlz . fr / 53pW
ATYPEEK MAG # 02 JANV ./ FEV ./ MARS 2017 55