Atypeek Mag N°1 | Page 189

séléctions POTEMKINE Date de sortie : 4 octobre 2011 De : Alan Clarke Avec : Gary Oldman, Tim Roth, Ray Winstone Genre : Drames sociaux Nationalité : Britannique COFFRET ALAN CLARKE (2011) Inclus Scum (1979) - Made in Britain (1982) The Firm (1989) - Elephant (1989) Réalisateur qui a essentiellement travaillé pour la télévision et la BBC, Alan Clarke a produit une œuvre d’un réalisme social glaçant et d’une violence oppressante, comme en témoignent les quatre films rassemblés dans ce coffret, sans aucun doute les plus forts, les plus noirs et les plus controversés qu’il ait faits. Entre les maisons de correction de Scum, les skinheads de l’ère thatchérienne dans Made in Britain, les hooligans terrifiants de The Firm ou les meurtres insensés d’Elephant, le panorama qui nous est offert fait froid dans le dos et Clarke retrouve l’esprit des jeunes gens en colère des années 50 mais revisité par l’ère punk et No Future. Une des caractéristiques de son cinéma se trouve dans son utilisation de la Steadicam, qu’il systématise à partir de Made in Date de sortie : 2 octobre 2012 (1h52) De : Robert Altamn Avec : Elliott Gould, Nina Van Pallandt, Sterling Hayden Genre : Comédie Nationalité : Américaine LE PRIVÉ (1973) de Robert Altman Aucun rapport avec le Philip Marlowe incarné suc- cessivement par Dick Powell, Robert Montgomery, James Garner, Robert Mitchum. Et popularisé par Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil : chapeau, trench-coat et œil désabusé sur les magouilles des hommes. Robert Altman fait du héros de Raymond Britain. Nous suivons les personnages au plus près dans des marches énergiques et étourdissantes. Cet aspect dérangeant atteint une apogée avec Elephant, qui cumule 18 meurtres en 30 minutes. Quasiment aucun dialogue, pas de musique, juste des personnes qui avancent jusqu’à un but, celui de donner la mort, et qui repartent. Les lieux sont ordinaires, déserts, mais présentés comme étranges. Rien ne distingue d’ailleurs les victimes des bourreaux. La caméra, elle, reste dix secondes sur les corps au sol, ce qui est beaucoup trop long, trop insupportable. Ces tueries perpétuelles apparaissent comme banales, et donnent littéralement le vertige. Chaque œuvre de Clarke nous amène à penser cette surenchère et cet engrenage de violence. N’y a-t-il d’ailleurs rien de plus angoissant que ce final de The Firm où les hommes rêvent d’une société nationale de hooligans ? Le cinéma de Clarke ne nous épargne rien (les viols et suicides de Scum) et quand une séquence est hors champ (la scène de vengeance et de mutilation de The Firm), on imagine des horreurs plus grandes encore. En tout cas, ses films-choc font réagir vu que Scum contribuera à la fermeture des borstals, ces centres de détention pour mineurs. Clarke décède malheureusement d’un cancer du poumon en 1990 alors qu’il a atteint un sommet dans son style minimaliste et brut, avec toujours des performances d’acteurs hallucinantes. Gus Van Sant ou Harmony Korine sauront tirer de bonnes leçons de son cinéma. Dans un style plus léger, Potemkine a aussi édité séparément Rita, Sue and Bob too, où il est question essentiellement de sexe sous un mode plus comique bien que le caractère déprimant de l’Angle- terre des années 80 soit toujours bien présent. (ML) C