SUR VOS LECTEURS DVD, Blu-Ray
Primary colors,
de Mike Nichols (1998)
Inspiré par la première campagne
de Bill Clinton, ce film de vétéran
s’intéresse au marathon qui
conduit un candidat de sa 1 re
déclaration jusqu’à l’élection,
des primaires jusqu’à l’épreuve
que constitue une campagne
électorale dans un pays aussi vaste. Le candidat fictif
joué par Travolta doit faire face à des accusations
d’adultère. Primary colors décrit bien un aspect
fondamental de la politique américaine, montre
l’importance de l’argent, du marketing, et de la
vie privée et tout ce qui éloigne la politique de la
substantifique moelle politique pour la rapprocher
du spectacle. Le film lui-même est enjoué et plaisant
alors que son sujet pouvait a priori sembler austère.
Moi, député,
de Jay Roach (2012)
La politique américaine est
aussi passée par le filtre de la
comédie la plus loufoque, par le
tamis du stand-up de l’humour
SNL, avec ici des zèbres aussi
drôles que Will Ferrell et Zack
Galifianakis, même si ce film
n’est pas leur sommet.
Derrière l’humour, il y a la satire d’une campagne
politique où les adversaires s’insultent, s’envoient
des boules puantes, se diffament, bref sont prêts
à tous les coups bas pour se faire élire. Depuis la
campagne Trump/Clinton, on se dit que ce film n’est
pas une satire mais un documentaire.
Bowling
for Columbine,
de Michael Moore (2002)
Quand on parle de cinéma
américain politique ou évoquant
la politique, difficile de ne pas
mentionner Michael Moore
et son cinéma qui mélange
documentaire, agit-prop, humour
à la Saturday Night Live et pathos. On aurait pu
choisir aussi bien Roger and me ou Fahrenheit 9/11,
mais celui-ci nous a semblé le plus fouillé et le
plus convaincant. À partir de la tuerie au lycée de
Columbine (qui a aussi inspiré Elephant de Gus
Van Sant), Moore s’interroge sur un des grands
marqueurs politiques de la société américaine, le
droit de chaque citoyen de détenir des armes à
feu. Obama a tenté de limiter ce droit mais s’est
heurté à un congrès à majorité républicaine ainsi
qu’au lobby des armes. De son côté, Trump a
déclaré que le port d’arme et l’autodéfense étaient
des prescriptions de dieu.
Côté législation, rien n’a donc changé et les tueries de
masse continuent de rythmer le quotidien américain.
Artistiquement, Bowling… ne boxe évidemment pas
dans la même catégorie qu’Elephant, mais ce film
a engagé un combat politique qui, hélas, est plus
que jamais d’actualité.
Tempête
à Washington
d’Otto Preminger (1962)
Le président veut nommer un
nouveau secrétaire d’État aux
affaires étrangères, mais l’homme
qu’il choisit ne bénéficie que
d’une courte majorité au Sénat
et a aussi quelques adversaires
dans son propre camp, dont un
rival qui l’accuse de sympathies communistes.
Radiographie précise et complexe du fonctionnement
de la politique américaine, des rapports entre le
législatif et l’exécutif, et des intrigues de couloir,
le tout porté par la mise en scène au scalpel de
Preminger. Un chef-d’œuvre qui n’a pas pris une ride.
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
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