TPE: Guerres et Maladies Fevrier 2013 | Page 11

La Dysenterie :

Il existe deux sortes de dysenterie : la dysenterie amibienne et la dysenterie bacillaire. La dysenterie amibienne est provoquée par l’amide Entamoeba histolytica. Elle est souvent présente dans la nourriture et dans l’eau, qui est ensuite ingérée. Les amibes envahissent l’épithélium intestinal donnant lieu à des lésions ulcératives et inflammatoires et à une dissémination des amibes dans le sang, conduisant principalement à la formation d’abcès hépatiques.

Ce parasite qui se multiplie dans le colon et s’y transforme en kyste, forme résistante du micro-organisme qui assure sa survie dans le milieu extérieur, qui sont ensuite excrétés dans les selles. Cette forme de dysenterie est particulièrement présente parmi les pays en voie de développement ou au climat tropical, car les conditions sanitaires y sont précaires et les amides s’y développent plus facilement. La dysenterie bacillaire ou shigellose est provoquée par quatre différentes bactéries : les shigellas dysenteriae, flexneri, boydii et sonnei. La contamination à lieu lors du contact direct entre l’individu et un malade, des aliments ou de l’eau contaminés mais aussi par des mouches porteuses des bactéries. Le patient peut en mourir par déshydratation s’il n’est pas soigné à temps. Cette maladie est très contagieuse car l’ingestion de seulement 10 à 100 bacilles suffit pour que l’individu soit touché. En général, cette maladie est caractérisée par la présence de selles glaireuses et sanglantes mêlées ou non à des matières fécales.

Le fait que la dysenterie est déclenchée souvent dans des zones où l’hygiène est sommaire, surtout où le traitement des eaux usées est mauvais, voire inexistant, correspond forcément aux conditions de vies pendant les guerres. Que cela soit du côté militaire comme du côté civil, l’hygiène n’est pas respectée comme elle devrait l’être au profit de la survie. Et cela dans toutes les guerres car il est très rare que le bacille de la dysenterie ne soit pas présente du tout dans la zone concernée.

Guerres où la dysenterie était présente:

- Guerre du Péloponnèse (431-404 avant J.C)

- Invasion de la Grèce par les perses (408 avant J.C)

- Huitième croisade (1270)

- Occupation de Bagdad par les Sarracènes (1439)

- Occupation de Metz par Charles V (1552)

- Attaque de l’armée de Frédéric II de Prusse contre les troupes révolutionnaires (1792)

- Campagne militaire de Russie par Napoléon (1812)

- Guerre Russo-Turque (1828)

- Guerre au Mexique (1846)

- Guerre de Crimée (1853)

- Guerre de Sécession américaine (1861)

- Première Guerre Mondiale (1914-1918)

- Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)

La dysenterie est présente depuis très longtemps car Hippocrate, médecin grec né en 460 av. J-C, la décrit comme une maladie étant causée par l’air. De plus, les premiers écrits existant sur la présence de la dysenterie, ou du moins d’une maladie présentant les mêmes symptômes, remontent à la Guerre du Péloponnèse, qui a eu lieu entre 431 et 404 av. J-C entre Sparte et Athènes. L’historien Thucydide enquêtait alors sur les deux camps et fait une description très précise de la dysenterie. Il dit que « Les malades avaient soif... dans la plupart des cas ils mouraient dans les 7 à 8 jours d'une inflammation interne » et qu’il s’agit d’une maladie « fixée à l'estomac ». Il n’est cependant pas dit combien de cas il y a eu mais nous pouvons tou de même supposer que le nombre était important car les conditions de vies des soldats à l’époque étaient très mauvaises et aucun véritable remède n’existait contre la dysenterie.

La dysenterie était aussi présente en Grèce en 480 av. J-C lors de l’invasion par les armées perses de la Grèce. L’historien Hérodote a écrit à cette époque que la défaite des Grecs a été engendrée par une certaine diarrhée épidémique. Ainsi, une bonne partie des soldats grecs étaient malades, l’armée Perse était aussi touchée mais avait une autre stratégie médicale. Au lieu de garder les soldats malades au front, ils les renvoyaient dans les villes, ce qui donnait lieu a une propagation de l’épidémie mais laissait l’armée perse en minorité face à l’armée grecque. Cette stratégie leur a tout de même permis de gagner cette invasion.

La dysenterie a ainsi très souvent des conséquences sur le nombre de soldats au sein d’une armée donc des conséquences sur le bon fonctionnement d’une guerre. Ainsi lors de la Huitième Croisade en 1270, un tiers de l’armée de France mourut de dysenterie, ainsi que Saint-Louis lui-même et son fils. Les croisades ont d’ailleurs été très largement touchées par de diverses maladies.

D’autres cas d’épidémies de dysenterie dans l’histoire militaire existent, en particulier la campagne militaire de Russie par Napoléon en 1812 qui a été particulièrement touchée car 16% des 500 000 soldats sont morts de cela. On peut ainsi voir à quel point une maladie peu modifiée certaines tactiques militaires.

Durant la Guerre de Sécession, au moins 27 000 soldats fédéraux sont morts de diarrhées chroniques et 1 million de soldats de l’armée de l’Union ont présentés un cas de diarrhée aigüe ou de dysenterie.

Pendant la Première Guerre Mondiale, la dysenterie était très présente dû à l’affaiblissement constant des soldats et à la mauvaise hygiène. Les soldats présents dans les tranchées pataugeaient souvent dans de l’eau croupie, facilement porteuses des bacilles de la dysenterie. De plus, ils vivaient souvent au milieu des excréments à cause du peu de transports de ceux-ci vers d’autres zones dû aux imprévisibles attaques de l’ennemi. De plus, l’eau propre était très rare pour la même raison donc les soldats étaient forcés de boire n’importe quel liquide qu’ils trouvaient, même contaminé. Aussi, la promiscuité des individus, qu’ils soient malades ou non, renforçait l’indice de transmission. Parmi, l’armée allemande, il y a eu plus 155 000 cas de dysenterie, soit un taux de mortalité de 12%.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la dysenterie est plus présente parmi la population civile, en particulier dans les camps de concentration mais aussi toujours dans l’armée. De nombreux récits racontent le manque d’hygiène dans les camps, avec peu de toilettes, un mauvais accès à l’eau et une forte proximité entre les individus. Si les nazis remarquaient qu’un block présentait des risques de maladies, ils exécutaient tous les habitants de ce block pour éviter les risques de propagation. De plus, l’alimentation était trop faible pour ce que les déportés enduraient : ils n’avaient accès à maximum 1 700 calories par jour, pour souvent 5 000 dépensées.

En général, la dysenterie a été très présente depuis de nombreux siècles, ayant des conséquences sur les conflits militaires pendant lesquels des épidémies sévissaient. Aussi, ces guerres ne faisaient qu’accentuer la maladie.

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