Luxury Indian Ocean old_Luxury Mauritius No2 Édition 2015 | Page 46

Juridique | Legal Investir à l’île Maurice attire chaque année de nombreux étrangers. Mais pour que ce projet ne se transforme pas en retour à la case départ, Mathilde Parent Lagesse, avocate aux barreaux de Paris et de Maurice, nous donne les clés pour réussir cette transition. Investing in Mauritius attracts a lot of foreigners. However, to prevent your project from ending up right back at square one, Mathilde Parent Lagesse, lawyer at the Paris and Mauritius bars, has some advice for a successful move. Quel est le premier aspect qui doit préoccuper un investisseur qui veut créer une entreprise à Maurice ? Sa première préoccupation doit se porter sur le cadre législatif et notamment sur la cohérence qui existe entre Maurice et son pays d’origine. Les réponses peuvent être apportées par un conseiller légal et fiscal habitué aux structurations internationales entre les deux pays. Le deuxième point crucial est la définition même de sa future activité. Est-ce que celle-ci prendra la forme d’une holding ou d’une structure opérationnelle ? La personne souhaite-t-elle avoir un titre de résidence, délocaliser une partie de ses activités ou créer une filiale ? Les objectifs ne sont pas les mêmes : s’installer à Maurice peut être motivé par des raisons professionnelles ou par une volonté de prendre un nouveau départ. Avant de franchir le pas, l’investisseur doit se faire conseiller et réfléchir aux changements que cela engendre, en termes d’adaptation par exemple. C’est une décision à long terme, d’où l’intérêt de bien se renseigner avant de faire ses valises. Prendre conseil signifie aussi avoir accès à un réseau de professionnels compétents qui encadreront la personne tout au long de ses MATHILDE PARENT LAGESSE « IL FAUT BIEN S’INFORMER AVANT DE FAIRE SES VALISES » “YOU NEED ADVICE BEFORE YOU PACK YOUR SUITCASE” LUXURY MAURITIUS 46 démarches. Il arrive très fréquemment que nos clients nous demandent de les aider à trouver des locaux, de leur recommander une banque, un notaire, un comptable, ou encore de leur indiquer les spécificités des écoles et des régions où habiter. Nous partageons alors notre propre expérience et les orientons vers les professionnels avec lesquels nous avons déjà travaillé et en qui nous avons confiance. Outre le cadre législatif, l’investisseur doit aussi s’intéresser aux spécificités locales. Tout à fait. Nous avons la chance d’avoir des systèmes légaux entre l’Europe et Maurice qui se ressemblent. Ainsi les droits de la famille, immobilier, commercial et civil mauriciens sont très proches du droit français. En revanche, le droit pénal, celui du travail et ce qui relève du Companies Act sont plus proches du droit anglo-saxon. Mais l’investisseur doit aussi intégrer les coutumes mauriciennes. Lors d’une embauche par exemple, il doit être au courant du système des allowances pour le transport ou le remboursement des frais d’essence des salariés. Cette pratique est spécifique au pays, il faut donc avoir une double vision de ce qui est légal et considéré comme un acquis de chaque côté des deux frontières. Je pourrais également citer le cas d’une personne qui souhaite investir dans un bien immobilier. S’il n’existe pas de taxation des successions à Maurice mais que les héritiers résident en France, la taxation des successions françaises s’appliquera. Ou encore, certains secteurs d’activités nécessitent l’octroi de licence, et même lorsque l’on remplit les critères, elles peuvent être longues à obtenir. Il vaut mieux être prévenu et l’avoir intégré dans son business plan et budgété d’éventuels retards. Quelle est la meilleure solution pour un investisseur : se tourner vers l’offshore ou créer une entreprise locale ? Le choix se fera en fonction du type d’activités que souhaite lancer l’investisseur. L’offshore concerne une entreprise dont l’activité est exclusivement (ou principalement) tournée vers l’étranger. La législation s’est en effet assouplie à ce sujet et il est désormais possible de réaliser une partie minime de son activité sur le marché local. En ce qui concerne le lancement d’une structure dite domestic company, l’investisseur pourra se positionner sur le marché local. Dans les deux cas de figure, mon conseil est que l’investisseur élabore un business plan et fasse une étude de marché comme il l’aurait fait dans son pays.